Pour préserver l’environnement « J’ai diversifié mes cultures pour baisser les phytos »
Pierre Maigret porte un intérêt particulier à la préservation de l’environnement. Il a notamment restauré le potentiel agronomique de ses sols, modifié son assolement et diminué le recours aux produits phytosanitaires.
Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.
En partie dans la zone d’alimentation de captage de Longuyon, dans la Meurthe-et-Moselle, François Maigret, ainsi que désormais son fils, Pierre, ont toujours été préoccupés par l’environnement. Au fil des années, plusieurs actions ont été menées sur l’exploitation : la signature d’un contrat territorial d’exploitation (CTE) pour gérer l’azote, l’arrêt du labour afin de préserver la vie du sol, l’engagement dans une mesure agroenvironnementale (MAE) pour réduire l’emploi des produits phytosanitaires de 50 % et, à partir de 2010, l’adhésion au réseau des fermes Dephy.
Double rupture
« Ce que nous recherchons, c’est la marge, mais aussi une agriculture raisonnée et pérenne, explique Pierre, installé depuis 2016. Pour réduire l’emploi des produits phytosanitaires, il faut donc se pencher en priorité sur la diversification des cultures et sur l’assolement. Ainsi, alors que nous commencions à voir apparaître les premières résistances, surtout des vulpins, nous avons opté pour 60 % de cultures de printemps. »
Une double rupture à l’aide d’espèces de printemps ou d’été a été organisée dès 2011, afin de casser le cycle des mauvaises herbes. Cela a, notamment, été l’occasion d’implanter des couverts à base de légumineuses et de céréales, détruits avec du glyphosate, ce qui permet parfois d’éviter l’emploi d’herbicides sur les cultures de printemps. Par ailleurs, le semis du blé tendre a été reculé, pour contrecarrer la levée des mauvaises herbes.
Mais l’introduction de nouvelles espèces dans la rotation a également permis d’employer des molécules herbicides différentes. En tournesol (adopté dès 2014), maïs et pois de printemps sont désormais employées des microdoses, soit environ un quart de la quantité homologuée. L’intervention a lieu sur de jeunes pousses, tôt le matin, pour garantir des conditions optimales d’application, notamment en termes d’hygrométrie. « En colza aussi, j’interviens avec des microdoses après la levée de la culture, sur les mauvaises herbes pointantes », complète Pierre Maigret.
En outre, en semences de ferme, l’exploitant a opté depuis 2014 pour des mélanges variétaux de blé tendre meunier, afin de limiter la pression maladies. « Je n’ai plus de gros échecs, ni de records d’ailleurs : cela lisse les problèmes et le rendement. C’est un peu mon assurance récolte ! » juge-t-il. Ainsi, alors qu’auparavant deux à trois fongicides étaient appliqués, il n’y en a maintenant qu’un seul utilisé, à demi-dose. En cas de risque fusariose, un second est cependant envisageable.
Pour les mêmes raisons, en colza, Pierre, qui sème des lignées, utilise également un mélange de deux variétés. Il y ajoute une part de la variété Es Alicia. Par sa précocité, elle évite le traitement contre méligèthes. « Je l’implante généralement début août, en apportant du fumier pour un meilleur développement, précise-t-il. Avoir des pieds suffisamment gros permet d’éviter d’intervenir contre les charançons du bourgeon terminal. »
L’observation demeure la base
Toutes les interventions reposent sur l’observation des cultures, des pathogènes et si besoin sur l’éventuelle présence d’auxiliaires (lire l’encadré). « Je n’adhère à aucune coopérative, ne reçois aucune alerte et suis autonome en ce qui concerne mes décisions », souligne l’exploitant.
Grâce à cette stratégie, l’indice de fréquence de traitement (IFT) total de l’EARL est depuis près de trois ans, autour de 2,2, soit près de 50 % de la référence du secteur (voir l’infographie ci-dessus). « D’ailleurs, sans avoir fait d’efforts particuliers, je réponds déjà aux critères de haute valeur environnementale (HVE) de niveau 3, et suis donc certifié depuis fin août. S’il n’y a pour le moment aucune valeur ajoutée à être HVE 3, cela démontre déjà mon état d’esprit », estime Pierre Maigret.
Céline Fricotté
Pour accéder à l'ensembles nos offres :